Dernière mise à jour le 31/08/2002 à 17h00.
Page 1 - Page 2 - Page 3
Lens laisse passer sa chance
Leader de bout en bout, le club échoue sur la dernière marche.
Le lundi 06 mai 2002
---------------------------------------------------------
C'est un magistral hold-up. Pas tant sur un match que les Lyonnais ont attaqué en trombe, disputé avec davantage de mordant et finalement parfaitement géré (3-1). Mais sur une saison que les Lensois ont dominée de bout en bout. Eux qui, au soir de la 24e journée de championnat, comptaient huit points d'avance. Et qui, sur 34 journées, furent leaders à 28 reprises. «Le football n'est fait que d'injustices», commentait, philosophe, le gardien Guillaume Warmuz. Avant d'exprimer son «énorme déception d'avoir fait la course en tête et d'échouer le dernier jour».
Silence de mort. Accueillis par une pluie battante et des bordées de sifflets, dans un stade de Gerland que l'on n'avait jamais connu si enfiévré, les Sang et Or ont donc perdu le match crucial. Et c'est le gang de l'entraîneur lyonnais Jacques Santini qui, à l'issue de cette «finale» inédite du championnat opposant le leader à son dauphin, a fait main basse sur le butin. Deux buts, inscrits dans le premier quart d'heure, ont d'emblée installé un silence de mort des 2 000 supporters lensois : une frappe sèche de Sidney Govou, qui laissait le gardien Guillaume Warmuz pantois (8e), bientôt suivie d'une reprise de Violeau (14e). Désastreuse entame de match, qui laissera perplexe le coach nordiste Joël Muller : «Toute la saison, notre équipe a été bien en place sur le plan défensif. Elle a craqué sur les deux premières occasions. Une sorte de résignation s'est installée chez nous. Trop vite, on a eu le sentiment qu'on n'y parviendrait pas...»
Même si l'ancien lyonnais Jacek Bak réduit le score (26e), ouvrant la porte à une égalisation et donc à un match nul, synonyme de titre pour les Lensois, un troisième but de l'OL, signé Pierre Laigle (53e), met un point final aux débats. «A 3-1, c'était devenu mission impossible», estimera le président de Lens, Gervais Martel. Ses troupes, de fait, ne s'en relèveront pas. Au moment où Jean-Michel Aulas, en tribune présidentielle, sautille et frappe des mains en rythme, où les joueurs lyonnais, marqués à la culotte par une nuée de photographes, entament leur tour d'honneur, et où les virages déversent des milliers de supporters sur la pelouse détrempée, les Lensois, eux, filent aux vestiaires sans tarder.
Beau perdant. Tout juste Joël Muller a-t-il le temps de se fendre d'une bise à son heureux homologue, Jacques Santini, avant de s'engouffrer dans le tunnel de Gerland. Beau perdant, le coach nordiste, malgré une «immense» déception, tiendra à «féliciter l'OL qui, depuis plusieurs saisons, titillait le titre. C'est un beau succès, que j'espère connaître un jour», confie l'ancien entraîneur de Metz qui, en 1998, avait déjà vu le titre lui filer entre les doigts, à la dernière journée... Au profit de Lens. L'issue est cruelle, donc. Même si Gervais Martel tente de relativiser : «C'est très dur, mais c'est le jeu. On a fait une grande saison. A partir de septembre, on aura l'occasion de jouer la plus importante compétition du monde, la Ligue des champions... Et je connais d'autres clubs qui, ce soir, sont en deuxième division» .
Des arguments peu convaincants aux yeux de ses joueurs dépités, dont le défenseur Valérien Ismaël, qui disait sa «tristesse» d'avoir «glissé sur la dernière marche». Sans illusions sur le souvenir que laissera l'excellent parcours 2001-2002 des Sang et Or : «Dans dix ans, on ne se rappellera que de Lyon. Lens a laissé passer sa chance...».
Le lundi 06 mai 2002
---------------------------------------------------------
Lyon, capitale des goals
L'OL conquiert le titre après cinquante-deux ans d'attente.
Pour la première fois, samedi soir, Gerland entonne : «On est les champions, on est les champions. On est, on est, on est les champions !» Il restait dix minutes à jouer, mais l'OL mène 3-1, et la délivrance approche. Sur la place Bellecour, plusieurs milliers de personnes s'entassent devant l'écran géant. D'autres dans les cafés, les restaurants de la ville. Et dans le stade, chauffé à blanc, longtemps avant le coup d'envoi. La libération, enfin. Après cinquante-deux ans de course après le titre, «titillé plusieurs fois ces dernières années», selon le mot de Joël Muller, le très digne entraîneur lensois. Il aura fallu cette si longue attente, puis une course-poursuite, et enfin la saison jouée sur un seul match. Autant de matières explosives, pour une vraie nuit de fête.
Pelouse envahie. Au coup de sifflet final, le staff lyonnais s'est longuement enlacé, pendant que les joueurs se ruent sur les tribunes, transformées en autant de kops. Les portes des gradins s'ouvrent devant les spectateurs qui envahissent la pelouse, à l'invite du speaker. Les stadiers forment un rang serré pour protéger les joueurs, juchés sur une estrade. Jacques Santini, l'entraîneur, vit cet instant avec plus de calme, et une sérénité très inhabituelle. «Ça n'a pas été facile tous les jours de me supporter, reconnaissait-il. Mais, à l'arrivée, c'est une énorme satisfaction professionnelle. Toute une ville attendait ça depuis tant d'année s!»
Les joueurs regagnent les vestiaires, où tournent les bouteilles de champagne. Quelques visiteurs plongent tout habillés dans la piscine, pendant qu'Anderson et Coupet allument d'imposants cigares. Bernard Lacombe, directeur sportif, semble heureux sans exploser. Comme Santini, il insiste sur le plaisir «de la récompense du travail bien fait». Le plaisir dans l'effort. «On était programmés pour gagner ce titre, estime Jacques Santini. L'année dernière, on l'avait raté de peu. Cette année, on l'a arraché. Si ça n'avait pas été le cas, ça aurait été l'an prochain ou dans deux ans. On travaillait pour l'obtenir et c'est ce qui donne tout le sel de cette victoire.»
Dans la ville, les rues ont débordé depuis le coup de sifflet final. Des milliers de personnes attendent les joueurs devant l'hôtel de ville. Ils ont dû patienter bien après minuit. Le car de l'OL a remonté doucement la ville, se frayant un passage dans les encombrements. Dedans, pour passer le temps, l'ancien Lensois Delmotte, coéquipier modèle, s'époumone sur une chanson d'Eddy Mitchell, déjà chanté l'année dernière pour la victoire en Coupe de la Ligue.
La sono crachait I Will Survive quand l'équipe est entrée dans la mairie. Puis Aulas et ses joueurs sont apparus sur le balcon. Une clameur presque inquiétante surgit alors de la rue. Une dizaine de milliers de supporters agitent drapeaux, écharpes et fumigènes. Disparaissant sous un nuage rouge, pour ne laisser monter que le vacarme assourdissant. Se retenant de «pleurer devant tout le monde», Sonny Anderson mesure l'instant : «On entre dans l'histoire de toute une ville.» A l'écart sur le balcon, Lacombe le Lyonnais, songeur, observe la foule. Il repense à sa victoire en coupe de France, en 1973, avec l'OL déjà : «Ce n'était pas aussi fort que ce titre obtenu par le travail, sur 34 journées.» Ensuite, avec Bordeaux, il avait été champion de France, trois fois : «Mais je n'étais pas chez moi.»
La mal aimée. Pour le groupe, la liesse se mêle de revanche. Toute la semaine dernière, les joueurs ont lu que Lens méritait le titre, parce que le club avait fait la saison en tête. Ils ressentaient surtout le décalage dans l'opinion entre les populaires Nordistes, et le nanti lyonnais. «On nous a traités comme des moins que rien», affirme Grégory Coupet. «On a été critiqués, oubliés, poursuit Philippe Violeau. On en a pris plein la gueule. Du coup, la victoire est encore plus belle, et c'est une revanche.» Lyon se sent toujours mal aimée.
Pour fêter leur titre et leur ville, les joueurs ont fini dans une boîte de nuit, sur une péniche des quais du Rhône, jusqu'au matin. Les Brésiliens ont attrapé les percussions, pendant que leur président dansait sur de la techno. Aulas se projetait déjà. Pour lui, «Lyon doit à présent devenir l'égal des plus grands clubs européens.» Il rencontrera cette semaine Jacques Santini, pour décider de son avenir : «S'il veut rester entraîneur de l'OL, il reste l'entraîneur». Le coach, cette fois-ci, réclame les coudées libres pour le recrutement et il réserve sa réponse.
Lundi 06 mai 2002
---------------------------------------------------------
Lyon veut maintenant l'europe
L'Olympique lyonnais a conquis de belle manière son premier titre de champion de France, samedi soir. Pour son président, Jean-Michel Aulas, l'ambition est désormais de conquérir l'Europe. Lyon DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
A LYON, on ne considère pas avoir atteint un sommet samedi soir. Mieux, le titre de champion n'est pour le président lyonnais Jean-Michel Aulas qu'un camp de base qui va lui permettre de partir à l'assaut de son Himalaya : le titre de champion d'Europe ! « C'est parce qu'on a rêvé longtemps du sacre national, en s'attirant les sarcasmes et les jalousies, qu'on a fini par y arriver, constate Aulas. Pour la Ligue des champions, on suivra la même méthode. On va travailler par étapes. L'an prochain, on visera les quarts de finale, en essayant de conserver notre bien. Ce titre n'est pas un aboutissement, c'est le vrai départ de l'OL. Nous allons construire. » Aulas ne doute de rien : « Notre challenge est de ramener le foot français au sommet de l'Europe et d'imiter l'équipe de France. L'OL sera un déclic pour les clubs tricolores. » Voici comment se dessine l'avenir lyonnais. * Garder tout le monde. Seuls deux joueurs sont en fin de contrat : David Linarès, en contact avec Auxerre, Sochaux et un club espagnol, et Pierre Laigle qu'on annonce partant pour l'Italie, voire de retour à Lens. « Mais s'ils veulent rester, je suis OK », annonce Aulas. Le cas des deux joueurs prêtés, Vairelles et Dhorasoo, est à peine plus compliqué : « Bordeaux manque de carburant pour conserver Vikash mais on peut s'arranger. Quant à Vairelles, il aura des offres. Mais eux aussi ont leur place ici s'ils le veulent. » Pour le reste de l'effectif, Lyon veut éviter de tomber dans le piège de Nantes en 1995 ou de Monaco en 2000, qui ont cédé leurs meilleurs éléments. « On ne se fera pas déshabiller, prévient Aulas. Aucun joueur sous contrat ne partira. » Pas même le Brésilien Edmilson en contact avec le Bayern Munich ? A voir car l'OL, qui annonce son intention d'« investir dans le recrutement », aura besoin de liquidités. * Trois ou quatre grandes recrues. Partisan depuis cinq ans de la politique des petites retouches, Lyon veut améliorer sans heurts son effectif. On attend la venue de trois ou quatre recrues seulement. Le premier devait être le Lillois Bruno Cheyrou. Les tractations avaient débuté il y a plusieurs mois et allaient aboutir. « Hélas, je viens d'apprendre qu'il avait choisi l'Angleterre alors que tout était calé avec nous », regrettait Aulas samedi soir. Les noms du Bastiais Michael Essien et du Malien de Vitesse Arnhem Diarra, que Santini suit depuis trois ans (comme Luis Fernandez d'ailleurs), reviennent avec insistance. Mais Aulas est aussi un homme de gros coups comme avec Anderson il y a trois ans, Edmilson il y a deux saisons ou Juninho l'an passé. Pourquoi pas un nouveau Brésilien avec Savio, qui n'est pas titulaire au Real Madrid et qui plaît à Santini ? Seul bémol, Savio touche près de 183 000 € nets par mois en Espagne. Or, le budget lyonnais devrait rester à 84 millions d'euros l'an prochain même si Jérôme Seydoux, le PDG de Pathé, actionnaire principal du club, se dit prêt à « un effort ». * Le cas Santini. Le suspense autour du nom du futur entraîneur n'est pas feint. L'incertitude est réelle et repose sur la volonté d'un seul homme, Jacques Santini (voir interview page suivante). « Je demande à Jacques de rester mais le titre vient de changer son processus de décision », reconnaît Aulas. Santini pourrait unir fidélité et efficacité en devenant manager général et en laissant son survêtement au Troyen Alain Perrin. Mais Santini a intériorisé beaucoup de frustrations et encaissé nombre de coups bas. Et un homme blessé peut parfois surprendre...
Eric Carrière a remporté le titre avec Lyon un an après l'avoir gagné avec Nantes. Il est le 5 e joueur de l'histoire du Championnat de France à réaliser pareil doublé consécutif avec deux clubs différents. HOTEL DE VILLE DE LYON, DANS LA NUIT DE SAMEDI A DIMANCHE.
A une heure du matin, les héros lyonnais sont allés saluer une foule en délire venue les acclamer.
Le Parisien , Lundi 06 mai 2002
---------------------------------------------------------
Ce sera la lutte finale.
Lyon et Lens se disputeront le titre lors de la dernière journée de D1.
Le Racing Club de Lens n'est toujours pas champion de France. Il le sera peut-être samedi, un peu avant 22 heures. Tout dépendra de l'issue de la rencontre en forme de finale qui opposera pour la dernière journée, au stade Gerland, le leader nordiste (64 points) à son dauphin lyonnais (63 points). Car si les Lensois ont rossé (4-1) sans ménagement des Guingampais au bord de la D2, samedi, lors de la 33e journée, leurs poursuivants n'ont pas lâché prise, revenant de Bordeaux avec trois points. Une pichenette de l'inévitable Sonny Anderson (69e), et, à l'arrivée, une petite victoire (1-0), mais qui suffit amplement à maintenir le suspense et la promesse d'un dénouement explosif pour cette saison.
L'équation est simple : si les Lensois l'emportent ou reviennent de Lyon avec le point du match nul, ils seront sacrés. S'ils perdent, ils offrent aux Lyonnais leur premier titre de champion de France. «Aujourd'hui, on a deux chances sur trois, puisqu'on peut gagner ou se permettre de faire un nul, commentait, samedi, le président lensois, Gervais Martel. On va aller à Lyon sans aucune pression. Ça va être très difficile pour eux de garder la tête froide pendant une semaine.» Une façon d'évacuer la tension, mais aussi d'en faire retomber une bonne partie sur les épaules des rivaux. Lesquels ne se priveront sûrement pas de faire à leur tour monter la température, leur président Jean-Michel Aulas en tête.
Warmuz intraitable. Pour ce dernier match des Lensois devant leur public, tout est réuni. Un stade Félix-Bollaert aussi comble que surexcité. Un lâcher de ballons. Un carnaval des supporters. Et, surtout, une représentation de qualité. En petite forme depuis quatre journées, la troupe de Joël Muller, intraitable à la récupération et spectaculaire à l'offensive, a opportunément retrouvé son football. Grâce, en particulier, à un intraitable Guillaume Warmuz, auteur de maints exploits dont l'arrêt d'un penalty, et à un El-Hadj Diouf virevoltant, auteur d'un doublé. L'international sénégalais avale tout d'abord quarante mètres, envoûte la défense bretonne et ouvre le score (18e, 1-0). Dans la foulée, il inscrit un nouveau but, de volée, mais refusé pour hors-jeu (21e). Avant que le défenseur malien Adama Coulibaly, monté aux avant-postes, corse l'addition (42e, 2-0).
Deuxième mi-temps et deuxième chevauchée fantastique de Diouf, bientôt suivie d'un double contre-pied, puis d'un missile en pleine lucarne (55e, 3-0). Et moins d'une minute plus tard, d'un plat du pied de Moreira dans le petit filet (56e, 4-0). Les Bretons ont sombré, et ne s'en relèveront pas, se contentant de sauver l'honneur sur un coup de tête de Drogba (69e, 4-1). La Lensoise version locale de la Marseillaise peut retentir. Groupés dans le rond central, les joueurs nordistes attendent quelques instants que le speaker annonce la victoire lyonnaise, sous une bordée de sifflets. Soir de fête, donc, mais pas de sacre. Celui-ci, les supporters n'en doutent pas une seconde, n'est que partie remise. «Lyon, Lyon, on arrive», hurle le kop sang et or.
«Fierté, honneur et tripes». «C'est un grand bonheur», lâche l'entraîneur lensois, Joël Muller, plus impassible que jamais. «Le programme ? Comme d'habitude», explique-t-il, soucieux de dédramatiser. L'ex-coach de Metz a toujours en tête la saison 1997-1998: le titre avait échappé à son équipe lors de la dernière journée au profit de... Lens. Même s'il admet qu'«il y a des choses plus agréables à faire que d'aller jouer une première place à Lyon», le technicien lensois préfère revenir sur la fatigue de ses joueurs, qui ont caracolé en tête pendant presque toute la saison. «On n'a pas eu un football très économique. Il faut se recentrer et aller chercher un peu de force au fond de nous-mêmes. Est-ce que les Lensois auront l'ambition d'aller défendre cette première place, ou est-ce que la Ligue des champions leur suffit ?» s'interroge Joël Muller. Pour El-Hadj Diouf, la réponse ne fait aucun doute : «Moi, je ne parle pas de Ligue des champions, je parle de titre. C'est une question d'état d'esprit, de fierté, d'honneur et de tripes», assure le meilleur joueur africain de l'année, coupe de champagne à la main.
Samedi 4 mai 2002
---------------------------------------------------------
A la tête de l'OL, Jean-Michel Aulas nourrit une ambition de champion
Le président de l'OL dirige son club comme une entreprise : d'une main ferme. Il l'a doté du meilleur budget de division 1 et veut le conduire au sommet du football européen. Mais il lui faut déjà remporter un premier titre de champion de France.
Lyon de notre correspondante
Jean-Michel Aulas ne porte jamais les cheveux très longs : avant chaque match important, le patron de l'Olympique lyonnais file chez son coiffeur attitré, près de la place des Terreaux, à Lyon. Une superstition. L'entrepreneur lyonnais ne rate aucun match de son équipe. Omniprésent, il gère l'OL comme un entreprise, et une entreprise qui doit rapporter de l'argent. Quatorze ans après sa reprise du club, alors en division 2, il se trouve à la tête du plus gros budget des équipes françaises : 91,5 millions d'euros pour 2002.
Méthodiquement, comme à la Cegid, sa société d'informatique, créée en 1983, et introduite sur le premier marché en 1989, Jean-Michel Aulas a hissé l'OL au rang des grandes équipes. 1999 : entrée au capital d'Infogrames et de Pathé, recrutement de joueurs internationaux ; 2001 : finale victorieuse de la Coupe de la Ligue ; 2002 : participation à la 'finale' du championnat de France, samedi 4 mai, face au RC Lens. Pour la troisième année d'affilée, l'équipe s'est qualifiée pour la Ligue des champions.
Le fils de journaliste, né à l'Arbresle (Rhône), en 1949, ne compte pas s'arrêter là. Il a promis aux supporteurs de l'OL - 34 500 de moyenne au stade de Gerland cette saison - une victoire en coupe d'Europe d'ici cinq ans. 'Je suis quelqu'un de patient. J'ai construit l'OL comme une entreprise, avec une organisation économique et fonctionnelle. Jamais je n'ai privilégié le court terme', explique-t-il.
INTÉRÊT COMMUN
Pour atteindre ses objectifs, le puissant patron lyonnais fait du lobbying tous azimuts. Partisan de la renégociation des droits de retransmission télé et de l'entrée des clubs français en Bourse, il veut en finir avec ce qu'il appelle 'l'archaïsme du foot français', et appliquer à ce sport les lois du marché.
Dans un entretien au magazine lyonnais Objectifs Rhône-Alpes, Jean-Michel Aulas avait confié qu'il avait pris contact avec Laurent Fabius et des proches de Jacques Chirac pour évoquer ce dossier. 'Pour l'OL, l'entrée en Bourse permettrait de lever 46 millions d'euros et de se doter au final d'un budget de 185 millions d'euros, l'équivalent des grands clubs européens.'
Il rêve d'étoffer son équipe, de moderniser son centre de formation, et de développer toutes les activités périphériques au foot, en construisant notamment un grand centre commercial dédié au sport, à côté du stade de Gerland, avec des boutiques, des restaurants et des salles de séminaires. Après avoir réclamé pendant des mois la concession du stade, il a finalement trouvé un accord avec le maire de Lyon : à la municipalité la gestion du stade, classé monument historique ; à l'OL la gestion des à-côtés.
Discret, comme la tradition lyonnaise le veut, l'homme n'en est pas moins influent. Sollicité par tous les candidats à l'élection municipale à Lyon, en mars 2001, il a finalement renoncé à s'engager sur le terrain politique. Pendant quelques mois, la rumeur lui prêtait même l'ambition de se présenter à la mairie. 'Le poste de maire est intéressant et tentant pour un entrepreneur comme moi, convient-il. Le maire dispose d'un budget important et se trouve au centre des grandes évolutions. Mais c'est un poste trop exposé, qui suscite trop de jalousies. J'ai préféré resté neutre.'
Ennemi de Michel Noir, l'ancien maire RPR de Lyon, de 1989 à 1995, le patron de l'OL entretient des relations plus cordiales avec le nouveau maire, socialiste, Gérard Collomb. Ce dernier l'a reçu en grande pompe à l'hôtel de ville avec tous ses joueurs le lendemain de sa victoire en Coupe de la Ligue, en mai 2001, et l'a accompagné lors des rencontres de Ligue des champions, à Barcelone notamment.
Les deux hommes ont un intérêt commun : le maire veut s'appuyer sur l'équipe lyonnaise pour vendre l'image de sa ville à l'étranger, Jean-Michel Aulas a besoin de Gérard Collomb pour faire de Gerland le grand stade qu'il ambitionne. Et, surtout, il trouve la consécration qu'il attendait. L'équipe lyonnaise est enfin reconnue. Son patron aussi.
Décrit par ses proches comme un 'bosseur' totalement investi dans son travail, un homme simple fréquentant le Club Med, il passe aux yeux de ses adversaires pour un habile manipulateur, volontiers 'mégalo'. Chacun se rappelle la petite fête organisée à l'occasion de ses cinquante ans : le patron lyonnais avait reçu 200 personnes, parmi lesquelles Gérard Bourgoin, chez Georges Blanc, à Vonas (Ain), le grand restaurateur, étoilé au Michelin, pour un dîner somptueux suivi d'un feu d'artifice sur le lac. Chaque convive féminine était repartie avec un flacon de parfum et les hommes avec un maillot de l'OL, et tout le monde avait reçu sous plexiglas un minuscule bout de la pelouse de Gerland !
Autoritaire, le patron de l'OL supporte difficilement la critique et la contradiction. En décembre 2001, Acteurs de l'économie, un bimestriel diffusé en Rhône-Alpes, avait consacré son numéro à son entreprise, sous le titre 'Cegid, l'envers du décor'. Denis Lafay, le directeur de la publication, y dressait un réquisitoire sans appel à partir de témoignages des salariés sur 'l'indigence sociale et managiérale' du patron, sans avoir pu rencontrer l'intéressé, malgré plusieurs requêtes. Deux mois plus tard, il diffusait un supplément au numéro 33, intitulé 'La Cegid, l'endroit du décor', par Jean-Michel Aulas. Le président de l'OL aime aussi diriger sa propre histoire.
Le Monde , Vendredi 3 mai 2002
---------------------------------------------------------
OL - RCL un match qui fait couler beaucoup d'encre
La perspective de ce match suscite beaucoup d'interet de la part des medias.Voici quelque articles provenant du Monde du Figaro de Liberation ainsi que du Parisien et de l'equipe .
Un engouement sans précédent
Vendredi 3 mai 2002
---------------------------------------------------------
Titre ou pas, Lyon va changer de patrons
A la veille du match le plus important de son histoire, l'OL conclut en coulisse une bataille pour le pouvoir en vue de la saison prochaine. Alain Perrin est annoncé entraîneur et Rémi Garde directeur sportif... Lyon DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
LYON vit une situation bizarre. Le club prépare en même temps deux matchs : celui, décisif sur le terrain, face à Lens demain et un autre, tout aussi acharné dans la coulisse, pour le pouvoir sportif en son sein. Même si officiellement les deux événements ne se chevauchent pas, cela crée tout de même un contexte particulier au moment où la sérénité à tous les étages devrait être de mise. « Des décisions ont été prises qui vont dans le sens de ce que tout le monde souhaite, confirme à demi-mot Jean-Michel Aulas qui, quoi qu'il arrive samedi, a déjà son plan pour la saison prochaine. Nous les annoncerons lundi. » Sauf retournement de situation, c'est bien Alain Perrin, l'entraîneur troyen, qui prendra la place de Jacques Santini, lassé par une saison où il a subi les luttes de pouvoir habituelles à Lyon. Les dernières semaines n'auront en tout cas pas apporté de démenti à ceux qui estiment que, dans les couloirs du club, tout le monde ne tire pas dans le même sens.
Jacques Santini sait qu'un entraîneur champion de France ne laisse pas indifférent Averti que Santini pouvait ne plus entraîner l'OL la saison prochaine, Bernard Lacombe, le directeur sportif, a tenté d'appuyer la candidature de son ami Alain Giresse. Devant le refus du conseil d'administration du club, peu rassuré par les « états de service » de Giresse au PSG, Lacombe a alors proposé à Santini de demeurer en place un an de plus. Et, alors que l'hypothèse Alain Perrin commençait à prendre du poids, Bernard Lacombe l'a ouvertement refusé. De nombreux observateurs du club lyonnais interprètent l'action de Lacombe comme une volonté de préserver au maximum son influence dans la politique du recrutement. Un domaine où, excepté la venue d'Edmilson en 1999, le directeur sportif n'a pourtant pas toujours brillé. Parallèlement, Lyon a exploré une seconde piste et contacté Rémi Garde, l'ancien Lyonnais aujourd'hui commentateur sur Canal +, pour tenter de refaire le coup de Jean Tigana, qui avait débuté comme entraîneur à Lyon en 1993. Rémi Garde, sans diplôme d'entraîneur, aurait été couvert par Jacques Santini. Cette solution s'est révélée trop aléatoire car elle reposait sur l'envie de Santini de quitter ou pas le survêtement d'entraîneur pour remettre le costume de dirigeant. Or Santini, qui n'a pas connu que des moments de joie cette saison, a fixé quelques conditions. Il sait aussi qu'un entraîneur champion de France ne laisse pas indifférent, notamment en Angleterre... En cas de départ de Santini, les pistes de recrutement suivies par Lyon pourraient se marier. Et l'hypothèse d'un tandem Perrin entraîneur - Garde directeur sportif n'est pas la plus farfelue. Quoi qu'il en soit, Lacombe serait le grand perdant de l'intersaison. A la veille de la venue de Lens, les joueurs lyonnais ont suivi les consignes de Santini et se sont préparés dans le calme. Un calme tout apparent et trompeur. Risqué en tout cas. Car la zizanie en coulisses, pour le moins prématurée, pourrait s'avérer plus dangereuse qu'il n'y paraît.
Le Parisien , Vendredi 3 mai 2002
Page précédente